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Des investissements à haut risque

Le “copy trading” figure parmi ces pratiques. Il consiste à investir de l’argent, puis à reproduire les positions financières prises par des traders pour le faire fructifier, la plupart du temps sur un marché fortement spéculatif, comme celui des devises, le Forex (Foreign Exchange Market). Bien que légaux, ces investissements de trading en ligne sont à haut risque et peuvent entraîner de fortes pertes, autant de dangers contre lesquels la répression des fraudes met en garde.

De son côté, l’Autorité des marchés financiers (AMF) met régulièrement à jour une liste noire des sites qui ne sont pas autorisés à proposer de tels placements financiers. Plus récemment, elle a développé, sur Instagram, une campagne contre les arnaques au trading. L’AMF rappelle aussi que la publicité pour les produits les plus risqués, qu’elle soit directe ou indirecte, est interdite depuis la loi dite “Sapin II” du 9 décembre 2016. 

Or depuis plusieurs mois, des influenceurs s’improvisent experts du trading et multiplient les vidéos face caméra pour convaincre leurs abonnés de parier sur ces produits spéculatifs. Face à ce phénomène, Claire Castanet, directrice des relations avec les épargnants et de leur protection à l’AMF, appelle à redoubler de vigilance. “Quand on voit un influenceur recommander un site de trading ou un investissement, il faut se poser plusieurs questions : ‘Est-ce qu’il a des compétences avérées en finance ?’ ‘Est-ce un témoignage sincère, désintéressé ou une publicité ?’ Ce n’est pas toujours précisé clairement, alors que c’est une obligation.”

“Il ne faut pas se laisser aveugler par les promesses de gains rapides sans rien faire et sans risque : ça n’existe pas, c’est une illusion !”

Claire Castanet, directrice des relations avec les épargnants à l’AMF

à franceinfo

Les influenceurs savent se montrer convaincants, à l’image de Marc Blata, ancien candidat de télé-réalité (comme beaucoup d’influenceurs). Très présent sur les réseaux sociaux, celui qui s’est fait connaître en révélant une histoire de voyante embauchée par une autre candidate au sein de l’émission “Les Marseillais”, martèle, à longueur de publications, le message “Copier-coller-encaisser”. Il incite à cliquer sur un lien qui renvoie vers un canal de la messagerie Telegram, baptisé “Blata Gang”. C’est sur ce canal qu’il communique, avec sa femme, Nadé Blata, des ordres d’achats et de ventes aux participants, selon le principe du “copy trading”.

Le couple assure avoir un train de vie rêvé à Dubaï (Emirats arabes unis) grâce à cette pratique et fait miroiter des gains importants, comme franceinfo a pu le constater sur Telegram. Marc Blata avertit des pertes encourues dans un message écrit, mais dans le même temps, conseille dans ses vidéos de “passer à l’action”.

“Je n’avais jamais fait ça, comme la plupart des gens”

En voyant ces images défiler, Mel s’est laissé tenter. “Marc Blata est certifié sur Instagram. Il a beaucoup de ‘followers’. Je l’ai vu dans l’émission de Cyril Hanouna. Ça donne une certaine crédibilité. Il était convaincant et rassurant sur ce produit. Il disait qu’il investissait comme nous”, explique-t-elle à franceinfo. Elle a finalement perdu un peu plus de 1 000 euros, en 2021. De son côté, Clément, chauffeur livreur, assurait, en juillet dernier dans Libération (article pour les abonnés), avoir perdu 2 000 euros. “Je passais jour et nuit devant l’ordinateur pour surveiller les courbes, j’ai perdu du poids, c’était une addiction”, raconte-t-il. Il s’est “retrouvé à sec, à manger des pâtes et du riz tous les jours”.

Slim a connu une situation similaire. “J’ai d’abord investi 500 euros. En deux ou trois jours, j’ai gagné de l’argent, je suis arrivé à 800 euros. Puis, je suis passé dans le rouge, à zéro, après un nouvel ordre d’achat. Je ne savais pas gérer mon capital, témoigne-t-il. J’utilisais des effets de levier sans le savoir : je n’avais jamais fait ça, comme la plupart des gens. Un mois après, j’ai voulu me refaire et j’ai redéposé 500 euros”, poursuit-il. Mais cette tentative s’est révélée infructueuse, tout comme les suivantes : “J’ai perdu 1 500 euros entre avril et décembre 2021.”

Le trentenaire essaie d’en savoir plus et réclame son “bilan trading” à Nadé Blata, sans succès. “J’ai alors compris qu’elle et son mari ne faisaient pas de trading, mais qu’ils étaient payés à l’affiliation”, affirme-t-il. En clair, il les accuse de toucher une commission à chaque fois qu’une personne investit de l’argent en cliquant sur son lien.

Slim n’est pas le seul à s’interroger sur les pratiques du couple Blata. Le 31 mai dernier, de nombreuses personnes qui ont perdu d’importantes sommes d’argent se connectent sur un “space” (un groupe de conversation) sur Twitter. Baptisé #Blatarnaque, il est relayé par le rappeur Booba, lui aussi en croisade contre les agissements de certains influenceurs, dont Marc Blata.